Table des matières
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Le site de la ville et de l’Agglomération ( 1 ) – ( 2 ) – ( 3 )
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À l’occasion des Fêtes de Noël, le journal
– Le vendéen de Paris et d’Île-de-France ouvre ses pages à Raphaël Toussaint –
La Roche sur Yon – Magazine
2019 – 2020
Ouvre ses pages au peintre Raphaël Toussaint
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Raphaël Toussaint l’enchanteur
Le peintre du Poiré-sur-Vie, en Vendée
Il est des hommes qui, comme les fleurs, s’épanouissent par osmose avec une sève primaire, avant de parcourir le monde. Ce milieu n’est pas obligatoirement spectaculaire, mélangeant couleurs, reliefs ou forces violentes et contradictoires. Chaque artiste a besoin de cette source pour développer son art, et ce phénomène donne toujours des prodiges inconnus. La terre vendéenne est coutumière de ce fait. Parce que la nature y est douce, avec ses reliefs raffinés de brouillards matinaux, ses herbes vert fluo, ses multiples floraisons printanières comme ses automnes flamboyants. Mais aussi par son histoire, pathétique, incarnée dan
s ses chênes têtards et ses halliers énigmatiques.
L’hiver, lorsque la neige enferme ses paysages dans une confortable douceur insonore, en étouffant les désordres parasitaires, elle est une toile de fond où se mêlent les cris d’enfants et les chuchotements des adultes pudiques qui n’osent s’ébruiter. Des frôlements d’un autre monde, qui ressemble au paradis, un paradis des quatre saisons avec, toujours, sur chaque œuvre, un discret petit homme en rouge paré de cheveux blancs.
Ce petit homme a été un grand homme : c’est René Robin, le peintre créateur de la première galerie de tableaux de Vendée, à La Roche-sur-Yon, il y a beaucoup de décennies de cela. Il fut le révélateur d’une pépinière d’artistes régionalistes, c’est-à-dire enracinés et non dilués dans le brouet des mégapoles industrieuses. Ce ne sera pas un bouillonnement montmartrois mais une éclosion multiforme dépourvue de rituels événementiels à floraison limitée. Albert Deman, Henry Simon, Paul Dauce, Joël Dabin, Roger Ducrot, André Astoul… Tout Paris ne connaît pas ces sobriétés cachées, polychromes et semi-silencieuses… quel dommage pour Paris !
Et puis un jour, René Robin deviendra le beau-père d’un certain Jacques de la Croix, un nom magnifique qui se cachera derrière celui-ci : Raphaël Toussaint, paysagiste naïf, comme on dit, tout simplement. Et alors la Vendée va s’illuminer de ces simplicités riches de sens. De chaque tableau s’épanouira une atmosphère qui tournera les têtes, faisant couler des larmes de nostalgie et éclairant les visages de ravissement. Les petites images d’enfance pailletées d’or et d’argent de nos mémoires éteintes se transfigurent en scènes fabuleuses, transmettant les chaleurs océanes d’été et les froidures du vent de galerne des temps de neige.
Que la joie demeure ! C’est le bonheur absolu à portée d’yeux qui, bien plus que des allégories grandiloquentes, nous rapprochent du paradis. L’être humain dans son écrin originel, sur sa terre avant qu’elle ne devienne inconfortable. De ces terrains de jeux naturels où partout des enfants s’ébattent en clameurs visibles, le peintre nous emmène en voyageur inspiré sur les quais des ports, au bord des fleuves des villes, sur les dunes brûlantes du Maroc, qui ressemblent tant à la texture de la neige vendéenne. On ressort irradié de ces chemins de traverse qui nous ramènent toujours aux collines vendéennes, imperturbables de sagesse.
Mais le moment est venu de briser le rêve et de dévoiler des secrets. René Robin et Raphaël Toussaint ont, derrière leur réserve magnifique, la pureté du granit armoricain dans leur âme. Le premier était Camelot du roi et n’hésita pas à malmener une statue du petit père Combes, en son temps. Il sera à l’origine du grand rassemblement de 1925 au mont des Alouettes. Le second fut grièvement blessé au combat en Algérie, il est grand invalide de guerre. Ils ont en commun l’amour de la Vendée, la foi qui sauve les âmes et les civilisations, et le courage des combattants de la liberté.
Voilà, j’ai tout dit et je n’ai rien dit, Raphaël Toussaint est un monde à lui seul, fait d’harmonie, de sérénité, de pureté, de fidélité, de beauté irréfragable. Maintenant, il faut aller plus loin, approcher ses méthodes de travail, sa technique qui peint notre peuple avec des traits ciselés comme des miniatures persanes, où rien n’est laid, où rien n’est idéalisé, où tout a l’évidence de la Création, l’ensemble de ses œuvres, ses peintures sur bois, ses lithographies, admirer les villages, les hameaux et les châteaux, en passant par le Puy du Fou et le mont des Alouettes. Il faut suivre son parcours artistique, ses expositions, son aura internationale, son succès aux Etats-Unis, où se trouvent plusieurs de ses œuvres. Rien de plus facile car sa vie et son œuvre sont répertoriés sur Internet : Catalogue raisonné de Raphaël Toussaint. L’ouvrir, c’est découvrir le trésor de Rackham le Rouge, lorsque nos regards sont éblouis par la découverte, mais ils sont bien plus que cela, c’est l’humanisme à l’état pur, n’en déplaise aux méchants, aux humanistes de façade qui ont semé la malveillance et la violence tant de fois dans les cœurs de la nature feutrée qui témoigne des certitudes absolues •
Bernard Chupin